Arc-en-ciel

Riddick n’avait jamais fait preuve de retenu et ne mesurait jamais ses actes en société, que ce soit des actes officieux ou non. Il avait toujours un goût du risque, l’acide nerveux qu’est l’adrénaline était une drogue pour lui, une envie, un désir qu’il ne pouvait s’empêcher de goûter.

Comme tout bon humain il s’était rapidement aperçu de cette tare et avait essayé d’y mettre un point final, d’y remédier par une sorte de cure personnelle qui allait affaiblir quelques temps son métabolisme et sa capacité à être un humain normale. Cet essai n’était en fait qu’un sursaut de courage et d’utopisme provenant d’un homme déjà au fond du trou.

Découvrant qu’il ne servait à rien d’essayer de remonter la tête et de faire face, il continua son long voyage sur la pente glissante de la dépendance.

Il avait réussit, il y a peu, à faire croire à sa mort par un plan et un procédé des moins étranges. Il avait réussit à se dégager de tout son passé, de tout ces fardeaux et de toutes ces dettes morales en un simple coup d’état avec sa partenaire Sariah. Mais très vite le goût de l’absurde, le goût de l’adrénaline lui manqua et il reprit de nouveau cette pente glissante l’amenant lentement vers une mort faite de souffrance ou d’un dernier envol de bonheur.

Cette pente dangereuse, sombre et attirante à la fois l’attirait souvent à l’intérieur des murs de la métropole. Utilisant ses capacités physiques incroyables, la masse de muscle sans cheveux apparent passait tous les premiers mercredi du mois une soirée dans la métropole. Le simple fait de faire de nouveau face à la grande métropole et à réussir à berner pendant une soirée ce cœur politique et institutionnel lui amenait sa dose mensuelle d’épinéphrine.

Mais l’être humain n’a de cesse de vouloir plus et les doses que lui donnaient ses glandes surrénales devinrent rapidement trop éphémères et Riddick dût se remettre en quête d’une activité plus productive que de simplement passer une nuit dans l’antre même de la bête.

L’activité en question lui vint rapidement à la tête et voilà maintenant plusieurs mois qu’il vend des arc-en-ciel à qui veut bien. L’arc-en-ciel est bien sûr quelque chose d’autre que le phénomène météorologique, l’arc-en-ciel est une drogue liquide contenu dans des petits bâtonnets, cette drogue est appelée ainsi car elle change de couleur au contact de l’air.

Sariah sera sûrement furieuse quand elle apprendra que son très cher faux mari resquille à nouveau et cela par simple contentement personnel.

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Ce soir là Riddick était de nouveau de sortie pour amener leur dose quotidienne à ses clients privilégiés. Il est assez amusant de voir que les opiomanes se coulent entre eux. C’est sûrement un effet de groupe attisant le mal être de chacun et faisant aussi que chacun se complet dans sa vie altérée.

La tournée était fructueuse, il semblait que le manque était de plus en plus grand dans la métropole et les prix s’envolaient rapidement. Les crédits pleuvaient et Riddick était heureux, sa vie en tant que banni allait devenir de mieux en mieux et celle de Sariah aussi.

Pour lui il ne voyait pas le mal qu’il faisait autour de lui, il se prenait pour un super héros des bannis et espérait pouvoir aider le plus de personnes avec cet argent sale. L’argent n’était pas réellement un problème pour Riddick, tout ce qu’il voulait c’était avoir un œil sur Sariah et rien d’autre. Quitte à se prostituer lui-même, il ne la laissera jamais dans le besoin. Elle le méritait trop.

Riddick enjamba rapidement une rambarde et fit un saut de fond pour descendre d’un toit, toutes les maisons se ressemblaient ici, des maisons préfabriquées qui s’entassaient les unes sur les autres et faisant ressembler l’endroit à un cimetière d’éléphant mais pour habitat.

Riddick continua son avancée dans ce labyrinthe d’analogie. Il passa plusieurs ruelles dans l’ombre et grimpa sur un balcon où l’attendait un client. Après avoir fait un marchandage plus que juteux pour Riddick, le client repartit dans son habitat et Riddick s’en alla continuer son marché funeste.

Il l’aurait continué s’il n’avait pas percuté quelqu’un dans un angle mort. Pas de chance pour Riddick, il avait une seringue ouverte à ce moment là, si la chance ne le suivait pas, l’arc-en-ciel devait déjà être dans la personne en question.

Toujours plongé dans la pénombre, il essaya de regarder la personne tout en excusant platement.

« Excusez-moi… Je ne vous avait pas vu… Vous allez bien ? »

Il aida la personne à se relever avec grand soin et pragmatisme.